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Marchands fiables ?
Posté le 01/11/2017 à 12h59
mylni
Posté le 01/11/2017 à 12h59
Bonjour,
Dans la mesure où l'on parle de nous, je me permets d'apporter une réponse inspirée du texte que nous avons mis en introduction de notre page facebook.
Après plus de 25 ans à essayer de comprendre les chevaux et les humains en quête de leur monture, j'éprouve le besoin d'apporter un éclaircissement sincère à tous ceux et celles qui entreprennent la démarche d'achat d'un équidé.
Certes de manière un peu schématique, caricaturale, et un peu provocatrice, je dirais qu'il y a deux façons d'appréhender cette recherche.
1. Préciser aux vendeurs qui sont contactés des formulations du type « je recherche une assurance-vie », « je veux un cheval clé en main ».
2. Accepter qu'avoir un cheval constitue une aventure où il faudra d'une part que le propriétaire aide le cheval à s'adapter à lui, et d'autre part, que lui aussi devra s'adapter au cheval et à sa façon de penser.
Je vais donc développer ces deux approches.
La première peut, de fait, se traduire par « c'est le cheval qui devra s'adapter à moi, à mes faiblesses éventuelles, à mes caractéristiques techniques et psychologiques, à mes erreurs, à mon environnement ».
Question. Chaque cavalier étant une personnalité unique, avec un caractère, un niveau technique, des disponibilités qui lui sont propres, sachant que l'environnement et la variété des circonstances sont aléatoires, comment savoir à l'avance si un cheval s'adaptera à cette combinaison ? Je me permets d'enfoncer une porte ouverte : nous souffrons tous du même mal incurable, nous ne connaissons pas le futur.
Voici les solutions, qui me semblent exhaustives, répondant le mieux possible à cette approche :
- Acheter un cheval que l'on a régulièrement monté (à une personne que l'on connaît ou à un club) et que l'on va continuer à monter dans le même environnement.
- Demander à un club : « quel est votre meilleur cheval de club, celui qui pardonne tout, à tout le monde ; celui que vous ne voudriez absolument pas vendre ? ». « Celui-ci ? » « OK, je vous l'achète à n'importe quel prix ».
- Demander à un vendeur : « je le prends à l'essai pour une durée de 6 à 12 mois ». Oui, pour pouvoir savoir dans quelle mesure le cheval s'adaptera d'une part à son cavalier, et d'autre part aux différentes circonstances de son environnement au fil du temps, il ne suffit pas d'un essai d'un mois. Je ne suis pas certain que tous les vendeurs accepteront cette demande. Pour notre part, nous ne l'accepterons jamais, entre autres raisons, de peur que le travail effectué sur un cheval vendu soit « abîmé ».
- Louer un cheval avec option d'achat.
- Avoir de la chance : le cheval se dit « même si mon humain n'est pas parfait, prenons la vie comme elle vient, en confiance, et sans conflit. »
Notre option se situe résolument dans la seconde approche.
Pour optimiser les probabilités de réussite de l'aventure « cheval/humain », nous apportons un réel travail de base aux chevaux que nous vendons, travail qui, depuis quelques mois, pour ceux qui le souhaitent, peut être évalué selon une grille étalonnée selon la graduation suivante :
[i]« beaucoup plus difficile que la moyenne /
un peu plus difficile que la moyenne/
dans la moyenne /
un peu plus facile que la moyenne /
beaucoup plus facile que la moyenne »
[/i]
sur des critères objectifs qui sont :
[b]-respect à pied
-immobilité au montoir
-facilité / difficulté à être cadencé aux trois allures
-facilité / difficulté à s'arrêter
-sensibilité au cavalier (de juste sensibilité à hyper-sensibilité)
-grégaire ou non (difficulté ou pas à se séparer des autres)
-intensité des réactions quand le cheval a peur
-fréquence des moments de frayeur
-lorsqu'il teste : plus ou moins impressionnant
-fréquence des moments où il teste[/b]
Nous pensons que l'on peut aussi évaluer le cavalier, selon le même type de graduation, sur les critères objectifs suivants :
[b]-passion pour l'équitation
-caractère (fort ? Timide?)
-temps disponible
-maîtrise des techniques classiques
-notion d'éthologie, confort, inconfort, cohérence
-notion d'éthologie, le timing
-capacité à « encadrer » un chevalier
-maîtrise arrêt d'urgence
-capacité à penser cheval
-capacité à analyser l'environnement[/b]
L'environnement (encadrants, emplacement de la carrière, typologie du cadre des balades) peut aussi être évalué.
A chaque séance de travail, nous essayons de faire progresser la « notation globale » de nos chevaux.
Lors d'une visite, l'évaluation d'un cheval se fait avec la personne qui vient l'essayer. Bien sûr, cette évaluation reflète la réalité d'un instant « t ». Il est clair qu'en fonction des événements et des apports positifs et/ou négatifs de son humain, les « notes » du cheval évoluent constamment dans un sens ou dans un autre.
Nous tentons d'améliorer le score des acquéreurs qui viennent nous voir en leur faisant part de quelques techniques qui ne sont pas enseignées en club, en les familiarisant avec certaines notions d'éthologie et en leur proposant la lecture du livre que nous avions publié l'année dernière et qui développe tous ces points.
Voici une approche statistique qui ne me semble pas inintéressante.
[b]Nous évaluons à plus de 1500 le nombre de chevaux que nous avons eus sous la selle.
De cette expérience, nous déduisons une grande règle : la règle, c'est qu'il n'y a pas de règle, il faut être humble.[/b] Je me méfie des « sachant » qui exposent des « vérités » à partir de leurs expériences propres et de celles qui leur ont été rapportées en raisonnant comme si ces expériences avaient valeur d'universalité.
Il n'y a pas de races plus favorables que d'autres. Il n'y a pas d'âge idéal, il n'y pas de « crise d'adolescence » démontrée. La seule chose dont je sois sûr, c'est que comprendre le cheval et se mettre à sa place aidera à faire le bonheur du cavalier et de sa monture.
Par ailleurs, de cet échantillon de plus de 1500 chevaux qui ne se prétend pas scientifiquement représentatif, nous avons constaté :
- la proportion de chevaux « maladivement » difficiles, « tarés » diront certains est extrêmement faible et plus souvent constatée chez des chevaux avec un passif que chez des jeunes chevaux parfois complètement sauvages au moment où nous avions commencé à les travailler.
- la proportion de chevaux extrêmement « pardonnants » dont on a le sentiment que ce caractère perdurerait avec des débutants ou des personnes trop éloignées du « penser-cheval » est également faible. En tout cas, beaucoup plus faible que la population d'éventuels acquéreurs se définissant comme « piètres cavaliers » ou empressés d'exprimer leur volonté d'acquérir un cheval très facile et espérant tomber sur ce type de cheval.
Plus précisément, [b]la proportion de chevaux très « pardonnants » à vendre est d'autant plus faible que de tels chevaux ayant démontré sur la durée cette caractéristique… ne sont que rarement à vendre.
[/b]
Même si une très large proportion des chevaux que nous avons vendus ont révélé dans la durée une faculté d'adaptation à leur humain et à leur nouvel environnement, jamais nous ne dirons à une personne qui vient nous voir : « voici le cheval qui pardonnera, voici le cheval parfait qui te conviendra toujours quoi que tu fasses ». Par contre, aux cavaliers qui nous accordent leur confiance, nous montrerons des chevaux travaillés régulièrement, montables et « évaluables »; et nous apporterons notre expérience et nos conseils pour les aider à évoluer favorablement dans leur « aventure-cheval ».
Je me rends compte que ce texte n'est pas très « publicitaire », il est simplement le fruit de nos réelles convictions… si certains s'offusquent de la teneur de ces propos, c'est soit qu'ils ont été exprimés maladroitement, soit que nous ne sommes pas les justes interlocuteurs pour ces personnes….
Notre vocation n'est pas de vendre le plus de chevaux possibles. Mais plus modestement de vendre aux personnes qui seront en adéquation intellectuelle avec nos convictions. Et, n'étant pas détenteur d'un savoir ou d'un "savoir-faire" universels, j'accepte tout à fait que certains ne soient pas d'accord avec l'ensemble de mes propos.