Pour moi, quand il s'agit de mors, il faut choisir la simplicité, la neutralité et le confort.
Ce qui va se traduire par l'élimination de toutes les matières et alliages en dehors de l'inox, l'élimination de tous les mors à effets (branches, gourmettes et alliances). Le choix du mors droit, brisure et double brisure étant en rapport avec la concavité du palet, la grosseur de la langue.
A action égale, le mors droit exerce un contact plus fort sur l'ensemble de la langue avec une dissociation des actions latérales moins précises qu'un mors brisé. Et un mors double brisure exerce un contact plus dilué et plus dissocié que le simple brisure.
Pour la grosseur. A action égale, plus c'est fin plus c'est précis et puissant, plus c'est gros plus c'est grossier et encombrant. L'épaisseur des canons se choisit en fonction de la place dans la bouche, de la sensibilité et du tact de la main. Sachant que les gros cannons sont rarement bienvenus à mon sens, car trop encombrant. Le mors doit se faire oublier dans la bouche du cheval.
A mon sens, il n'est pas judicieux de chercher à avoir un cheval qui s'appuie sur son mors. le mors ne doit être ni un fil à couper le beurre, ni une canne. La prise de contact et la stabilité de ce contact avec la main se construit pas à pas, comme un dialogue. Mors et rênes sont un moyen de dialoguer et pour dialoguer il ne faut pas avoir un appui de la bouche, pas plus qu'un traction de la main. On doit ressentir la bouche vivante du cheval dans ses doigts sans tension inutile et le cheval de son côté doit apprendre à ressentir les doigts vivants sans rien avoir à craindre d'eux.
Un bon mors, bien choisi, est donc, à mon avis, celui qui permet au cheval comme au cavalier de se ressentir l'un l'autre avec finesse, adapté à la morphologie de la bouche (taille, brisure, épaisseur, hauteur), neutre et hygiénique (inox).
Ensuite, une fois le mors bien choisi, la stabilité du contact, de la tête, le liant main/bouche, la précision de la direction, de l'attitude, la décontraction de la bouche, de la nuque, la disponibilité de l'encolure, tout cela relève exclusivement du travail, de la posture et du fonctionnement du cavalier, du tact de la main.
Et c'est souvent dans ces derniers éléments que chaque cheval va demander au cavalier, quel que soit son niveau, son expérience, ses qualités, une vraie capacité d'adaptation.
Pour moi, le choix d'un mors simple double brisure en inox reste une valeur sûre. Olives, Verdun, aiguilles, chantilly ou Baucher.
Cela fait quelques mois que tu as ce cheval, Tu as déjà du changer plusieurs fois pour trouver quelque chose qui semble convenir : mors à aiguilles double brisure canons moyens. A ta place, je pense que je continuerais avec ce mors et je me laisserais du temps pour construire le travail et le rapport main/bouche. ça me parait tout à fait normal qu'un cheval ne se livre pas totalement en seulement quelques mois de collaboration.
Pour les réticences que tu sembles percevoir à la prise. Tu y es peut-être déjà attentive mais je rappelle quelques petites choses simples qui peuvent avoir un gros impact si on les néglige à peine : être très délicat aussi bien lorsqu'on présente le mors qu'à son retrait de la bouche. Il ne doit pas heurter les dents, il ne faut pas le faire prendre "de force", c'est à dire en ouvrant mécaniquement la bouche avec un doigt à la commissure, ni poser le mors contre les dents pour faire ouvrir la mâchoire

Ce sont des choses que l'on voit couramment et les gens font cela sans y penser mais ça n'a rien d'agréable pour le cheval et ça peut finir par rendre certains réfractaires. Il faut présenter le mors et laisser le cheval le prendre lui même en bouche, en associant cela au début avec un demi-sucre ou une toute petite friandise. Quand on le retire, il faut le maintenir pour ne pas qu'il heurte les dents et laisser le cheval le rendre lui-même.
Eviter de tirer le cheval par les rênes lorsqu'on le mène en main avec son mors dans la bouche.
Toutes ses petites choses vont engendrer une perte de finesse dans le rapport main/bouche, voire contribuer à rendre la bouche muette ou dure.
Tu dis que ton cheval a tendance à rester derrière tes aides. c'est peut-être un indice d'un cheval qui se méfie du contact à la main autant que de son mors. Pas forcément de ton fait mais il ne faut négliger aucune piste. Pour avoir eu quelques chevaux aux bouches délicates, je sais que même en ayant une main à priori réputée stable et bienveillante, il faut parfois savoir encore monter en qualité pour obtenir la confiance du cheval dans le contact franc. Ce que j'appelle contact franc, c'est un contact très stable, moelleux que le cheval ne rompt pas lorsqu'on modifie son attitude et ses allures. Rien à voir avec un appui.
Je pense en résumé, qu'il faut que tu t'accordes plus de temps avec le mors actuel, en te montrant patiente et vigilante
