Mon ardennais était comme ça.
Une vraie chochotte, Princesse au petit pois ultra-sensible, et trouillard dans un corps de cheval de trait entier de 700 kilos.
Il n'a jamais été maltraité mais traité comme n'importe quel autre cheval alors qu'il a besoin d'être "ménagé".
Ex chez le dresseur les jeunes étaient harnachés calmement pour la première fois puis recevaient un picotin, ensuite on leur retirait le harnais. Ca s'est toujours bien passé avec tous les autres : un cheval à sang froid se rend bien compte que le harnais ne lui fait aucun mal et est associé avec une "bonne chose" = la nourriture.
Le mien à 12 ans, attelé depuis ses 3 ans toutes les semaines, avait peur de son harnais se recroquevillait, tremblait quand on lui mettait
faut le voir pour le croire. Et en réponse il se faisait réprimander (et terroriser par la réprimande, pourtant pas "dure" , mon homme est plutôt bisounours)
Du coup on l'a toujours pris pour "un guerrier" peur de rien, ne dit jamais non, jamais fatigué, bah oui tellement peur de mal faire qu'il était sans cesse "aux ordres" et y répondait au quart de tour. Pour lui la relation à l'homme c'était stress, anxiété, il prenait sur lui à bloc.
Les premières "leçons" pour le débloquer ça a été juste des pansages, massages, en cliquant et donnant un bonbon quand il se relaxait (tête moins haute, soupir ou nez qui frétille) ça a duré plusieurs semaines.
puis ya eu plusieurs semaines de TAP en lui faisant comprendre que je demande, il répond, s'il se trompe c'est pas grave, pas la peine de démarrer à 100 à l'heure dans la panique (avec des leçons d'1 demande/ réponse suivies de 10 min de massage/ grattage relaxant pour faire retomber la pression... du coup sur 1h de "travail" ça donne pas beaucoup d'exercices)
Puis à force d'être écouté, il s'est posé, a compris qu'on était "ensemble" et pas "l'un contre l'autre".
Et ensuite il s'est "ouvert" en faisant des demandes, des propositions, au lieu de faire que obéir et attendre des ordres. S'il veut étendre son dos, il baisse un peu le nez pour demander la rallongement des rênes par ex. S'il est inquiet il demande à renifler les objets...
Il est encore resté longtemps dans son ancien fonctionnement avec mon mari (son propriétaire) mais en les dressant tous les 2 (Pascal à être plus prévenant, Oskar à passer outre les bougonnements ou les moqueries) maintenant il comprend qu'un homme qui râle c'est pas forcément contre lui, pour le vilipender
8 ans de travail plus tard c'est un cheval coopératif, qui s'exprime (son mal-être, ce qu'il aime, ce qu'il craint, ce dont il a envie) ce n'est plus un guerrier mais un gentil poney ; mon homme est ravi de ne plus avoir un guerrier comme une grenade dégoupillée dans les mains, il a un cheval sympa, coopératif, à qui il peut faire confiance (si on lui dit "en avant, au pas" il ne va pas tourner ni partir au galop, pas besoin de tout surveiller sans arrêt...)