Tapis western : comment le choisir?

Bonjour

Dans la continuité des sujets sur le matériel Western, voici un post sur les tapis en équitation US. Comme pour les autres posts, n’hésitez pas à amener vos corrections, rajouts, et bien sûr poser vos questions à la suite (il n'y a pas de question sotte, allez-y!). On va aborder ici ces différents sujets sur les tapis western :
- Pourquoi un tapis spécifique à l’équitation western
- Les différentes couches
- Les différentes matières et formes
- Comment les choisir
- L’entretien


1. Pourquoi un tapis spécifique à l’équitation western



Contrairement à une selle classique, la selle western ne possède PAS de matelassures. Sous l’arçon qui est dur et donc inconfortable tel quel, il n’y a qu’une couche de cuir (skirt), doublé de mouton, synthétique pour les selles de gamme basse jusqu’à moyenne +, ou véritable pour les selles haut de gamme. Afin de préserver le dos de son cheval, il est donc nécessaire de rajouter sous la selle une couche plus ou moins épaisse, qui aura plusieurs fonctions :
- Protéger le dos du cheval comme une matelassure et réduire les points de pression en répartissant la masse
- Permettre une bonne absorption/évacuation de la sueur
- Pourquoi pas compenser quelques soucis de fitting, mais attention ce n’est pas du tout du tout le but normal d’un tapis, et réservé à certains modèles spécifiques
- Faire joli :)


2. Les différentes couches

Il y a plusieurs couches possibles de tapis que nous allons détailler. Un peu de vocabulaire...

Le Pad :

C’est la pièce maitresse, la seule qui peut se suffire à elle-même. Il s’agit d’un tapis/matelas épais, jusqu’à 1in (=2.5cm), mini 3/4in (=1.9cm), qui apporte le moelleux nécessaire à la pratique de l’équitation Western. Il peut avoir différentes formes, longueurs, matières… Qui seront détaillées plus tard.



Le Blanket :

C’est la couche pour faire joli, quasi obligatoire dans les shows, mais pas nécessaire sinon (sauf pour votre bon plaisir bien sûr !). Placé entre le pad (ou liner) et la selle, souvent très coloré, en laine ou autre matière tissée, le blanket n’a qu’une utilité esthétique. Il n’amortit pas. Il est de forme rectangle, pas besoin de forme anatomique, car il est assez souple pour se déformer et ne pas gêner. Il rajoute tout de même une petite épaisseur (plus ou moins selon la matière et le tissage), qui est à prendre en compte car ça peut compromettre le fitting de la selle. A noter que les blankets type « navajo » sont prévus pour le même usage, la seule différence c’est qu’ils ont plus long, et doivent être utilisés pliés en deux.



Le Liner :

C’est comme un pad, mais en plus fin. Il n’est pas obligatoire à la monte, et n’est utilisé que dans certains cas. On descend en épaisseur à 1/2in (=1.3cm), 1/4in (=0.6cm), et parfois mois sur certaines matières comme le coton ou le néoprène. Son utilité dépend de son épaisseur. Très fin, il sert surtout à protéger le pad contre la sueur, les poils, et facilite son entretien (et sa durée de vie). Plus épais il peut remplacer le pad pour être mis sous un blanket. L’épaisseur totale reste du coup acceptable pour conserver un bon fitting. Cependant l’amorti d’un liner avec blanket par-dessus sera moins bon que celui d’un pad uniquement à qualité identique. A voir du coup suivant les usages, discipline, durée en selle, fitting….



Les deux-en-un :

Constituées d’un liner et d’un blanket le tout cousu ensemble, les deux-en-un permettent d’allier l’esthétisme et l’efficacité en un seul tapis. Pratique, mais si vous voulez changer de couleur souvent, il faudra changer de deux-en-un :). Attention comme le blanket du dessus n’amortit pas, même remarque que pour le liner : l’amorti sera moins bon que celui d’un pad à épaisseur et qualité identique.



Les pads avec cales :

Pour les morphologies très spécifiques, problèmes temporaires de fitting de selle, ou pour les chevaux qui changent énormément de morphologie selon le travail ou la saison, il existe des pads avec cales amovibles (shims), qu’on glisse dans des poches. Ces pads sont à utiliser à bon escient et en faisant très attention au réglage d’épaisseur afin de ne pas causer plus de tors que de bien.



Il existe aussi des pads avec des blocs inamovibles au niveau des épaules. Ces pads sont généralement faits pour les jeunes chevaux en cours de débourrage, pour éviter d’avoir à acheter une selle qui ne leur ira plus une fois la musculature en place. Certaines technologies permettent aussi de préserver les épaules des chocs violents, comme en roping par exemple. Utilisés avec une selle qui va bien avec un pad « normal », ces pads avec cales vont fausser totalement le fitting. Il faut donc les utiliser en connaissance de cause.



Les cales seules : Solution de secours en cas de problème de morpho évolutive, ces cales ne devraient pas être des solutions à long terme, c’est surtout à utiliser en attendant de trouver une autre solution ou une meilleure selle… Mais parfois le budget fait qu’une petite cale peut sauver un début de saison.




3. Les différentes matières

Matières des Pads et Liners : Le parlerais d’abord du plus classique : le FEUTRE. Le meilleur des feutres est le feutre de LAINE. Composé de panneaux de fibres pressées, il a un bon pouvoir absorbant et dissipant de la chaleur, n'irrite pas. Je parle de feutre de bonne qualité, pas si dense et si rigide qu'on dirait une brique comme on en voit parfois ! Ils ont une bonne durée de vie SI on les entretient correctement, et clairement, ils ne rentrent pas en machine ! Le nettoyage reste le seul point vraiment négatif sur le feutre de laine. Il existe aussi des feutres MELANGES, avec de la laine et du synthétique qui sont du coup moins chers. La qualité est moins bonne mais tout à fait correcte aussi pour la plupart des chevaux et usages. On trouve de la couleur dans les mélangés et synthétiques. La dissipation de chaleur est moins bonne, et la matière peut être un peu moins bien supportée (cisaillement des poils par exemple).



Comme pour les sangles western, une autre matière qu’on rencontre souvent est le NEOPRENE. Il a un avantage certain qui est l’entretien, un coup de flotte, et c’est plié ! Par contre c’est souvent mal supporté par les chevaux. Très mauvaise absorption et évacuation de la sueur (même si les perforés comme le tacky too, qui est un composite, a plutôt bonne presse). Je ne recommande personnellement pas les pads avec des dessous en néoprène.



Les pads COMPOSITES sont eux légion avec une quantité pharaonique de combinaisons. Ce qu’il faut noter :
- La partie en contact avec le cheval doit être choisie avec soin. Feutre, laine naturelle (les diamond wool <3) sont les mieux supportés par tous les chevaux. Vient ensuite le mouton synthétique/polaire qui évacue un peu moins bien la transpiration mais fait le job tout de même. Comme dit juste avant le néoprène… ne fait pas beaucoup de satisfaits.
- L’amorti, le milieu du sandwich, peut être fait de différentes matières. Néoprène, EVA, gel… toutes les innovations sont possibles. Je déconseille les garnitures qui ne sont pas homogènes, sur certains pads bas de gamme il s’agit de fibres mal compactées, qui vont finir en bosses et en creux, pas terrible pour le cheval.
- La partie du dessus est soit inexistante, soit neutre, soit colorée…












4. Les différentes formes

Vous avez deux principaux choix possibles pour la ligne de dos : les tapis droits (comme la photo juste au dessus) ou les tapis anatomiques. Les droits doivent être réservés aux chevaux qui n’ont pas de garrot, et le dos rectiligne, c’est tout. Dès que le cheval a un dos tant soit peu « standard », jusqu’au garrot sorti etc, il faut prendre une coupe anatomique, car les pads sont trop ridiges pour s’adapter eux-mêmes à la morpho des chevaux. Attention cependant aux anatomiques mal faits, qui sont trop convexes, et jouent au culbuto sur le dos du cheval. Le pad doit reposer naturellement sur le dos du cheval. Attention aussi aux fils de couture le long de la colonne, cette partie doit être lisse, sans pliure, fil etc qui dépasse.



Le garrot peut avoir besoin d’être dégagé. Parceque pas assez de place sous le gullet de la selle par exemple. Dans ce cas les modèles adaptés ont des trous (œil) ou des nez coupés.





Le bas du pad peut aussi être différent du simple rectangle qu’on voit généralement, ce qui peut être intéressant pour les chevaux courts, ou pour les disciplines qui préfèrent se passer des cm2 superflu comme en barrel.



Il peut aussi y avoir des découpes au niveau de la sangle « close contact », ce qui rapproche la jambe du cheval.




5. Comment le choisir

D’abord, la LONGUEUR, c’est sans doute le critère le plus facile. Mesurez votre selle au plus long. Ensuite vous comptez 4 cm en plus devant, 4 cm en plus derrière, vous additionnez et vous avez la longueur minimum nécessaire (à 1 ou 2cm près en cas de valeur limite). Les tapis sont mesurés en pouces (in), de 2in en 2in.
- 28’’ = 71cm, pour une selle de 63cm de long max (ce qui est très peu en western). Vous trouverez ces pads dans le rayon poney, ou dans les sections Barrel ou endurance.
- 30’’ = 76cm. Pour des selles de max 68cm de long, voire moins, car c’est généralement la longueur minimum de série des pads qu’on trouve dans le commerce.
- 32’’ = 82cm. Pour des selles de max 73cm de long. On couvre normalement tout le reste de la gamme des selles western avec un 32’’ (la mienne fait 74cm, j’ai un 32’’, ça matche).
Il n’est pas grave d’avoir un pad trop long pour sa selle (plus de 4+4 cm d’écart). Il sera certes long, mais ça ne gênera pas le cheval si la forme lui convient, et que ce n’est pas un individu avec un dos particulièrement court. Il ne doit dans tous les cas pas aller trop loin sur l'encolure ou trop sur les reins, pas de 32'' sur un shetland, en somme.

La FORME dépendra du dos de votre cheval (droit, anatomique, nez coupé, œil… rond en bas…) et de votre discipline.

Reste l’épineux problème de l’EPAISSEUR. Souvent l’épaisseur de nos pads western fait peur aux saddlefitter classiques. Ils partent du principe que si une chaussure va avec un bas fin, elle n'ira plus avec une chaussette de ski triple épaisseur. Mais une selle, surtout western, se rapproche plus de 2 tuiles posées l'une sur l'autre. Si la selle est bonne pour le cheval, changer d'épaisseur de pad ne devrait pas compromettre le fitting. L'épaisseur joue plutôt dans le sens ou un pad vraiment trop épais pourrait faire "voler" la selle au-dessus du dos (comme si le cheval avait une couche de gras ++). Un pad trop fin, en plus d'avoir de moins bonnes capacités d'amortissement, rapprocherait le gullet de la selle du garrot, à une place ou... Il n'a pas sa place. L’épaisseur de base, celle qu’on trouve partout dans les ranchs (l’équitation western est quand même à la base une équitation de travail), c’est 1in (=2.5cm). C'est généralement le max qu'on retrouve en western. Je dirais si cela convient à l’ensemble selle + cheval, c’est l’idéal, car l’amorti sera conséquent. Le 7/8in (2.2mm) a aussi ses adeptes mais n'est pas commun en France.

Maintenant, on trouve aussi des tapis d’épaisseur raisonnable, en 3/4in (=1.9cm). Cela va encore si la selle est adaptée au cheval, reste à sa place, etc. Avec leurs 6mm en moins, ces pads permettent d’être un peu plus proche du cheval. C’est pour ça qu’on les retrouve souvent dans les écuries d’entrainement, surtout qu’on peut mettre un blanket dessus en show sans avoir trop d’épaisseur. Ils ne sont cependant à mon sens pas fait pour randonner ou monter des journées entières, car l’amorti n’est pas suffisant. Mais parfois suivant le fitting et la morpho du cheval, il sera compliqué de loger plus épais. Alors quel choix faire ? Réponse : vous seul saurez ! Moins que ça, honnêtement, ça me parait compromis, ou alors ce sont des liners qui ne sont pas utilisés seuls.

Pour ceux qui parlent anglais, voici un petit article intéressant sur les épaisseurs et leurs usages.
https://saddleupcolorado.net/blog/choosing-the-right-saddle-pad-thickness-what-is-the-right-combo-for-your-horse/


6. L’entretien

Cela dépend de la matière, si vous avez un liner lavable dessous ou pas, etc. Mais voici quelques astuces pour les matières principales :

- Le Feutre ne se lave pas facilement. Il peut aussi être très long à sécher, donc cette opération de lavage à grandes eaux doit être soit évitée, soit faite en été uniquement. Attention, séchage à PLAT et surtout pas en plein soleil ! D’ailleurs quand on finit sa séance, on ne laisse pas son pad humide plié dans son placard, on le met posé sur un tréteau ou sa selle, soit à l’envers (ce que je fais), soit à l’endroit, il y a deux écoles. Tant qu’il n’est pas sec on ne le range pas sous peine de moisissures, surtout avec la laine. D’ailleurs, on fait aussi attention aux mites…. Pour entretenir son feutre au quotidien, il est nécessaire de le brosser pour enlever les poils piqués, la sueur séchée… Mais une fois qu’il est sec. La brosse doit être douce (les picots en caoutchouc sont efficaces) pour ne pas décoller les fibres du feutre.



Si votre feutre est gras (sueur accumulée), vous pouvez le mettre à plat et le saupoudrer de terre de sommière (rayon droguerie, ça ressemble a du talc mais ça n’en est pas). 1 nuit d’attente et vous pouvez aspirer la terre, le gras aura été aborbé. Enfin pour les personnes qui ont un aspirateur à tissus, c’est aussi très intéressant, car ça peut remplacer le lavage à grandes eaux. Nota : pas de shampooing, détergents… pour le bien du pad et de votre cheval qui va l’avoir sur le dos !

En cours de nettoyage à l’aspirateur pour textile :


- La laine, naturelle ou synthétique, ne se lave pas non plus aisément. Le brossage sera d’autant plus conseillé que des petits débris, foin etc, pourraient s’agglutiner dans le moutmout. Il faut soigneusement l’inspecter avant de monter et ne JAMAIS le poser par terre, ou sur un round… Je vous conseille de les ranger dans des housse dès qu’ils sont secs si votre sellerie n’est pas garantie sans foin. Les agglomérats de sueur devront être brossés, et il faudra s’assurer que la surface reste homogène avec le temps.

- Le néoprène, lui, peut jouer à tahiti douche sous la pluie :). Attention quand même si c’est un pad composite, à ce que le reste du pad supporte l’eau.

- Enfin, il faut vérifier votre pad avec le temps. Si il commence à trop boulocher, à se déformer, ou à être tassé sous les points d’appui (généralement les épaules), il faudra le remplacer.


Et maintenant, à vous!