Je vais mettre un copié/collé d'un article que j'ai fait pour un autre site :
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J'espère avoir été clair, si des points sont trop vagues ou trop complexes, n'hésitez pas à me le dire je modifierais en tenant compte des remarques et suggestions.
Pardon pour le pavé de texte un peu indigeste, j'ai manqué un peu d'imagination sur comment faire autrement.
Incurvations, flexions d'encolure : différences et intérêts de ces exercices
I. Introduction
L’idée de cet article m’est venue de l’observation des terrains de concours, et des réflexions de certains cavaliers. J’ai pu voir et entendre de nombreuses choses qui m’ont fait remarquer que la flexion d’encolure et l’incurvation du cheval sont deux éléments bien souvent confondus, mal compris, ou mal expliqués.
L’objet de cet article est d’expliquer, clairement et le plus simplement possible, ce qu’est l’incurvation du cheval, ce que peut être un exercice fait « dans l’incurvation », et ce qu’est une flexion d’encolure, à quoi tout cela peut bien servir, et ce que ça implique chez le cheval. Autant prévenir tout de suite, ça va être un peu technique. Je vais essayer d’être le plus clair possible, toutefois je ne suis pas aussi doué que Jediette pour la vulgarisation, j’espère que vous saurez être indulgents ^^
Petit remarque préliminaire, je base cet article sur mon expérience de cavalier d’obstacle, et sur ma petite pratique du dressage. Etant très loin de l’équitation de loisir, d’extérieur, TREC, endurance, etc… il se peut que certaines remarques soient en léger décalage par rapport aux exigences de certaines pratiques équestres. Toutefois, un certain nombre d’éléments sont applicables de façon générale, du moment qu’on parle de cheval.
II. Quelques rappels de biomécanique et d’anatomie
Rassurez-vous, cette partie sera relativement courte, Jediette a déjà très bien détaillé tout cela dans son article ;) ! Je commencerais là où elle a terminé, sur ce constat si vrai :
Citation d'une amie ostéopathe équin
| | Voilà enfin ce que nous recherchons :
1. Des postérieurs qui engagent, qui viennent chercher loin en dessous de la masse du cheval
2. Des abdos qui font monter le dos
3. Des muscles dorsaux qui se contractent simultanément pour porter le cavalier (centre de gravité au niveau du point bleu, celui-ci varie lors de mouvements, etc)
4. Les ligaments de la nuque et du dos qui se tendent et tirent sur les épines vertébrales pour compléter l’arc |
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1°/ La descente de la hanche
Le point n°1 est bien
« des postérieurs qui engagent », tandis que le point n°2 parle
« des abdos qui font monter le dos ».
On s’aperçoit que lorsque les abdos se contractent et que le postérieur engage, il se produit un effet caractéristique qu’on appelle la
« descente de la hanche ». On ne peut pas parler d’engagement sans hanche qui descend. C’est donc ce but précis que l’on doit chercher lorsque l’on travaille son cheval.
2°/ L’incurvation du cheval : entre mythe et réalité
Bon, je sais, beaucoup ont lu Karl, mais c’est pas grave, une petite piqure de rappel ne fera de mal à personne.
Combien de fois dans les manèges (ou dans certains ouvrages que tout le monde connaît) n’entend-t-on ce genre de phrases :
« Le cheval qui tourne s’incurve du bout du nez jusqu’à la naissance de la queue »
« Plie ton cheval autour de ta jambe intérieure »
Aaaah, si seulement tout cela pouvait être possible. Ce serait tellement simple d’incurver un cheval ! Malheureusement, dans la réalité, ça ne se passe pas vraiment comme ça. L’image du cheval qui « s’adapte parfaitement à la courbe choisie » tout comme le « cheval qui s’enroule autour de la jambe », ou encore la « flexion costale » sont autant d’idées reçues qui sont à effacer au plus vite de sa tête.
En effet, anatomiquement,
un cheval n’est pas capable de réaliser de telles choses, pour la bonne et simple raison que
sa colonne vertébrale, en dehors de la queue et de l’encolure, est quasiment rigide !
Le seul endroit un peu mobile se situe à la jonction entre les vertèbres dites costales (qui portent les côtes) et les vertèbres lombaires : à ce niveau là, une légère flexion est possible, c’est ce qui nous permet de rentrer ou sortir les hanches. En dehors de ça, entre le garrot et le début de la queue, le cheval ne peut pas, mécaniquement, se plier de façon latérale. En résumé, quand on parle d’incurvation, on parle essentiellement de l’encolure.
| | Remarque Technique: [size=2]La remarque n’est là que pour les puristes, et ce que ça intéresse. Je préviens, elle va contenir un peu de vocabulaire technique, et vous pouvez largement vous passer de la lire si ça vous paraît un peu trop compliqué !
Je sens déjà les protestations arriver : la colonne du cheval n’est pas un bout de bois, ça se plie quand même, même si c’est infime, etc… Alors oui, même au niveau du rachis thoracique la colonne se plie, mais de façon absolument infinitésimale, dans le sens où la seule flexion latérale possible est permise par la compressibilité du cartilage intervertébrale (le cartilage est un tissu qui peut être compressé, mais de façon imperceptible), c’est donc si infime que je préfère « simplifier » en disant que ça ne plie pas.[/size] |
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III. Dressage classique et Incurvation
| | Définition de l’incurvation dans les manuels de dressage : « Cheval droit sur le cercle » |
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Gnéééé ? Mais qu’est-ce que ça veut dire que ce bordel ?????? C’est vrai, cette définition est un peu floue quand on la prend telle quelle, sans explications. Pour la comprendre, il faut d’abord observer deux choses : un cheval qui tourne, en pleine nature, dans un champ, sans rien sur le dos, et un cheval dressé qui décrit une courbe dans un manège sous la selle de son cavalier (en supposant que le cavalier fasse son tournant correctement bien sur)
On remarque deux différences frappantes : la position de la tête et de l’encolure, et l’équilibre du cheval :
-Le cheval qui tourne « au naturel » va se laisser entrainer par son poids, en se couchant complètement sur sa courbe, et pour compenser ce report de masse sur l’intérieur, va placer sa tête et son encolure complètement à l’extérieur, pour faire contrepoids.
-Au contraire, à la demande de son cavalier, après un long travail de dressage, s’il a été bien fait, un cheval monté va tourner en restant d’aplomb sur son cercle, en reportant un peu plus d’appui sur l’extérieur de sa courbe pour compenser l’appel inévitable de poids qui se produit quand il tourne, le bout du nez à l’intérieur de la courbe. En quelques mots, il va rester droit, sans se coucher sur son tournant : c’est un « cheval droit sur un cercle ». Pour y parvenir, on est obligé d’aller contre le naturel du cheval (décrit juste au-dessus), le forcer à rester en équilibre sur sa courbe, ce qui lui demande un effort relativement important. L’intérêt de réaliser ses courbes dans l’incurvation est de pouvoir tourner, changer de direction, décrire un cercle, sans perte de contrôle sur l’équilibre de sa monture, avantage non négligeable en parcours d’obstacle, et élément indispensable si l’on veut dresser dans de bonnes conditions.
IV. Flexion d’Encolure
1°/ Kesecé ?
La flexion d’encolure, un exercice souvent mal compris, et trop peu employé de nos jours.
Qu’est-ce que c’est donc qu’une flexion ? Tout simplement ce que son nom indique : un plié prononcé de l’encolure du cheval. A noter qu’un cheval peut aller jusqu’à 80/90° de flexion sans trop de problème. Vous n’avez qu’à essayer de lui faire plier l’encolure, à pied, à l’aide d’une carotte, vous verrez à quel point l’encolure est flexible. Je réponds par la même occasion aux critiques qu’on entend partout comme quoi la flexion serait douloureuse pour le cheval… Regardez-le donc se gratter les flancs dans son pré, allant parfois jusqu’à 120/140° de flexion pour y parvenir, je ne pense pas que ça lui paraisse absolument insupportable !
2°/ Mais… A quoi ça sert ?!
Bref, voilà ce que c’est, et on sait maintenant que c’est possible. Mais quel intérêt de reproduire ça en selle ? Une petite expérience est d’abord nécessaire. Mettez-vous debout, et penchez vous à droite, de façon à plier votre colonne. Puis marchez quelques pas en gardant cette attitude. Qu’est-ce que vous constatez ? Que naturellement, pour ne pas tomber, vous allez avoir tendance à reporter du poids sur la jambe gauche (donc extérieure), et que parallèlement à ça, votre hanche droite va être obligée d’avancer plus que la hanche gauche pour que vous puissiez continuer à marcher en restant d’aplomb.
Transposons cela au cheval… Lorsqu’on lui demande une flexion d’encolure en marchant, cela revient à lui demander une attitude similaire à celle que vous venez de prendre. Il va être obligé de… reporter du poids sur l’épaule extérieure et d’abaisser la hanche intérieure (nous avons vu que cela allait de paire avec l’engagement du postérieur correspondant).
Je crois que tout le monde voit à quoi sert cet exercice : il force, mécaniquement, le cheval à travailler l’engagement du postérieur intérieur. Une succession de flexions à droite et à gauche va rapidement avoir comme effet d’amener le cheval à abaisser ses deux hanches, et donc à engager les postérieurs et contracter les abdos, éléments indispensables à son travail dans de bonnes conditions (cf. Article de Mars par jediette). De plus, comme il est obligé de reporter du poids sur l’épaule extérieure s’il ne veut pas se casser la figure, effectuer des tournants en flexion d’encolure va lui apprendre à prendre une courbe dans une bonne attitude. N’est-ce pas merveilleux de pouvoir avoir un cheval qui tourne correctement de lui-même ?
Troisième intérêt, et non des moindres : elle va assouplir le côté extérieur, et muscler le côté intérieur. Répéter souvent des flexions à droite et à gauche va avoir pour effet de muscler tout en gardant souple l’encolure de son cheval, ainsi que le haut de l’avant-main et, par répercussion, l’arrière-main (puisque les postérieurs sont obligés d’engager, ce qui constitue en soit un effort musculaire considérable), et enfin les abdominaux. Un exercice de musculation complet, simple à effectuer, et qui offre l’avantage s’assouplir en même temps.
Quatrième élément, qu’on oublie fréquemment : dans cette attitude, le cheval en peut opposer aucune résistance physique au cavalier par le simple fait qu’il ne peut pas s’appuyer.
En des termes simples, la flexion d’encolure permet de faire disparaître les résistances physiques du cheval, de le muscler, de l’assouplir, et de lui faire adopter sans contrainte matériel une bonne attitude de travail. Il va être amené ainsi à travailler avec son cavalier, sans s’opposer à lui, et va apprendre à mobiliser son corps dans un équilibre qui ne lui est pas naturel, qui est celui qu’il doit adopter avec ce poids supplémentaire que constitue un cavalier et sa selle sur son dos.
3°/ Comment demander une flexion, ce qu’il faut faire, et ne pas faire
Bien évidemment, une flexion ça ne se demande pas n’importe comment. Plusieurs choses sont à éviter. Inutile de dire que plusieurs méthodes existent, et qu’il n’y a pas à ce sujet de vérité générale, chaque cheval étant particulier. Celle que je vais présenter est celle que j’ai apprise auprès de mon professeur, qui l’a lui-même apprise chez Jean d’Orgeix, à qui je rends tous les honneurs pour l’avoir développée, c’est celle que j’emploi dans mon travail quotidien. Elle repose sur le principe de la barrière de main.
Dans tous les cas, une flexion ne se demande JAMAIS en tirant. On commence par attirer le bout du nez vers l’extérieur à l’aide d’une rêne d’ouverture, en amenant sa main prêt de la bouche. Et écartant et en ramenant sa main vers le garrot, on va laisser glisser la rêne jusqu’à obtenir la longueur de rêne qui correspond au pli demandé (on peut aller jusqu’à 80/90°, mais pas plus !! Comme l’a dit le grand Paqui, ce n’est pas une prise de judo !!!) et à la morphologie du cheval. La main, une fois posée au garrot, ne bougera plus : elle constitue alors la fameuse « barrière ». Notamment, elle ne pourra ni avancer, ni reculer.
Ainsi, si le cheval veut redresser l’encolure, pointer la tête, échapper à l’effort, il se heurtera à l’inconfort d’une rêne tendue. La main étant posée au garrot, le cavalier ne tirera à aucun moment (à éviter absolument !!! on ne tire jamais à cheval), elle se contentera de résister. En revanche, si le cheval décide de plier la tête de lui-même, la rêne se détendra, et il trouvera ainsi une position de confort et de liberté musculaire.
L’on voit ici l’objectif recherché : le cheval doit se tenir dans l’attitude de la flexion d’encolure de lui-même. S’il le fait, il sera dans une position de confort. Au contraire, en cherchant à résister, il va se mettre tout seul en position d’inconfort. C’est de cette manière que se fait l’apprentissage correct de la flexion d’encolure, qui ne trouve son intérêt que si le cheval est dans le calme et la décontraction. Avoir l’exigence de toujours obtenir une flexion d’encolure sans conflit est primordial si l’on veut que ce travail lui soit bénéfique.
Voici ce que donne une flexion d’encolure correctement effectuée :
Une fois l’attitude obtenue (d’abord à pied, puis en selle) à l’arrêt, puis au pas en ligne droite, et enfin au pas, en cercle, on pourra commencer le travail en position de flexion (au pas, au trot, et au galop). Celui-ci comprend une multitude d’exercices : flexion en ligne droite, flexion pli à l’intérieur sur le cercle, flexion pli à l’extérieur sur le cercle, changements de direction en flexion, agrandissement/rétrécissement de cercles en flexion, etc… Laissez libre cours à votre imagination ! Travaillez régulièrement en flexion, notamment en fin de détente, permet d’obtenir un cheval souple, léger à la main, qui engage les postérieurs et tourne en équilibre, le tout dans la décontraction. N’est-ce pas merveilleux :P ?
V. Conclusion
Un cheval en flexion, et un cheval incurvé, sont deux choses différentes. L’incurvation est une attitude de travail, que l’on doit rechercher dans n’importe quel changement de direction. La flexion est un exercice, de musculation et d’apprentissage du cheval. Au-delà de tout ce qu’elle apporte au cheval, elle permet surtout d’obtenir énormément en peu de temps et surtout, et c’est pour moi le plus important, dans la décontraction et la légèreté. Et n’est-ce pas ce que nous recherchons tous ?
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Bon, j'ai fait ce truc il y a 2 ans, j'ai pas trop le temps de relire pour corriger, ma pratique ayant quand même évolué depuis, je le ferais ce soir, je laisse le soin à soffad ou jador, ou lingot si tu passes par là de me corriger au besoin sur les imprécisions de l'inexpérience de l'époque !