Qui pensait que je n'allais pas penser à vous à l'occasion de nos trois ans ?
J'ai toujours eu un truc avec les dates !
Ce post fera figure d'épilogue, car après tout, soyons honnête, je ne suis déjà plus une
jeune propriétaire. Et oui, il faut un temps pour les aux-revoirs... Je vous laisse profiter de cette petite rétrospective de ce qu'il s'est passé depuis mon dernier CR
Beauty et moi avons une année à l'image de la précédente : pleine de joies mais morcelée par des problèmes de santé...
Reprenons ! A l'
automne 2020, Beauty récupère lentement de ses longs mois de convalescence dus à ses problèmes respiratoires. Elle retrouve peu à peu son souffle, les longues balades aident et je peux de nouveau me faire plaisir en cours, on resaute, on progresse, la prof est chouette... Il y a un goût de retour à la normale ! Puis le deuxième confinement arrive et de mon côté, ça ne passe pas du tout. A l'inverse du premier où, passé le choc, j'avais réussi à mettre dans un mood "profites de ce temps offert", là clairement, ce n'était pas la même. Je comptais parmi les professionnels qui doivent aller bosser, mais au taf, l'ambiance est glaciale. Les équipes sont juste épuisées par la crise, et moi, je vis très mal cet troisième dimension "travaille et tais-toi". Moi qui passe clairement ma vie dans les bars & cafés de mon quartier, du jour au lendemain, plus rien. Etant à nouveau très usée par le travail, je perds ma motivation à l'équitation. L'époque n'est plus propice aux balades (chasseurs) et le club ne fait plus de cours. Beauty et moi tournons en rond... Je me concentre sur d'autres projets (voir plus bas !!)
Mi-novembre, alors que je broie déjà du noir, Beauty m'en pond une pas mal : elle mange
du bois. Aussitôt, panique à bord, elle crache du sang etc. vétérinaire + dentiste en urgence...
J'ai relayé cet épisode ici, avec une tournure un peu comique parce que dans ce genre de situation, l'humour est essentiel
https://www.chevalannonce.com/forums-12582982-depuis-le-debut-mon-cheval-etait-un-castor?p=1
Bilan des courses : rupture du frein de la langue, inflammation, perte de poids etc. Elle est sous médoc un moment + immontable, bien sûr. On reprends gentiment quelques semaines après, en licol uniquement, il ne faut surtout pas toucher à la bouche.
Courant janvier, ma monitrice quitte le CE. J'ai moins de feeling avec la seconde, notre vision de l'équitation diffère. On fait chacune un pas vers l'autre, mais je sens bien que ce n'est pas pareil qu'avec l'autre prof, Coach Club de la Galo, MHL etc. Côté vie perso, ça ne va pas
du tout. Je traverse une nouvelle fois une grosse phase, et je suis prise d'une bougeotte du tonnerre. Parallèlement, j'ai de vieux démons qui reviennent, je n'ai clairement pas la tête à l'équitation... Beauty et moi continuons notre bonhomme de chemin. Je poursuis les cours collectifs, avec plaisir, mais sans avoir le sentiment de progresser. Je nous sens stagner et ça m'embête, car je sais que le printemps arrive, et avec lui son lot de poussière et de pollen. Je culpabilise de ne pas réussir à profiter de ma jument en sachant que les jours nous sont peut-être comptés...
Avril bourgeonne, le printemps est là. Je change de travail, encore. J'ai un peu plus de sous qui rentrent et j'en profite pour souffler un coup, me faire plaisir, quelques cours en plus, quelques stages, un peu de matos, de bouquins... un nouveau souffle. J'ai toujours le sentiment que Beauty et moi stagnons. Je surveille attentivement sa respiration, toujours en quête d'un signe de gêne. Côté cours, ça n'évolue pas. Ma monitrice continue à fonctionner avec une méthode qui n'est pas la mienne (je ne développe pas par souci de discrétion). Moi, je suis un paumée, j'ai envie de progresser et en même temps, je ne vois pas comment. Je ne veux pas changer d'écurie car Beauty y est très bien et moi en confiance pour tout ce qui est de la gestion. Je reprends finalement le licol étho. Je trouve Beauty stressée en rênes. Tendue, mais pas forcément dans le bon sens du terme. En licol, elle est beaucoup plus décontractée. Petit à petit, je travaille (seule) à affiner les codes déjà mis en place.
L'été arrive, pour des moments un peu plus chouettes. Le retour des balades, les baignades dans le Cher, les apéritifs des cavaliers... On commence à voir le bout de la crise sanitaire et on profite à fond ! Côté respiratoire, pas grand chose à signaler, quelques petites frayeurs mais rien de bien concret. J'essaie de travailler son souffle sur de longues balades au pas. En cours, je remarque qu'elle met plus de temps à récupérer que les autres, mais c'est une jument rondouillette montée gentiment 3-4 fois par semaine... J'essaie de relativiser, mais clairement, je psychote, j'oscille sans arrêt entre le "si, ça va très bien" alors que je sais que ce n'est pas vrai, et le "non, ça ne va pas du tout" alors que tout le monde me dit l'inverse.
En juin, à l'occasion des vaccins, Cher Véto (désormais un personnage à part entière de cette grande aventure !) effectue un bilan : il en ressort R.A.S. Beauty va parfaitement bien. Quelques semaines plus tard, c'est
cube qui vient nous rendre visite et qui la trouve bien aussi. Je ne sais plus sur quel pied danser car moi, je ne sais pas comment l'expliquer, je vois que ça ne va pas, qu'elle n'est pas comme les autres chevaux. Je tempère un peu, je continue les balades, j'essaie de me concentrer sur autre chose...
Et là, en toute fin d'été, je reçois le "cadeau" de cette année pas si rigolote : nos premières séances en cordelettes
Aux trois allures !
Au terme de tous ces mois passés à bosser en solo, c'était une chouette récompense. (et l'occasion de clouer le bec à certains). C'était purement magique. D'ailleurs, je touchais à peine à la cordelette, seulement pour les arrêts. Les transitions descendantes, Beauty les fait à la voix, et j'essaie d'associer peu à peu le poids du corps, mais je manque encore d'assiette. Sinon... elle fait des voltes de dix mètres, sans que je n'utilise mes mains. Elle slalome, elle serpente, elle réponds au poids du pied sur l'étrier... C'est absolument génial comme sensation. Et du coup, elle est hyper connectée, ni elle ni moi ne pouvons nous reposer sur les rênes !
Au galop, c'est un peu plus compliqué : tourner large ça va, mais quand je lui demande plus serré, elle a tendance à virer très fort d'un coup et à se stresser, c'est encore à travailler.
J'ai tenté à cru et ça marche presque tout pareil et c'est encore plus "centaure"
J'avais pour objectif de commencer à sautiller...
Et là...
Beauty a chopé la gourme !
Où, comment, pourquoi, on ne sait pas.
Début septembre, on a fait une bonne balade de 12km. Je ne sais pas si sur les allées qu'on a empruntées, des chevaux malades étaient passés... ça a commencé par une "petite mine" + grosse perte de poids + écoulements verts du nez + toux... Cher Véto est appelé à la rescousse (je la vois plus souvent que certains de mes potes...). Beauty a le droit a un test PCR taille poney (elle était ravie) qui part illico au labo. Test avéré positif deux jours plus tard. ça a fait rire mes collègues, de savoir que mon poney avait eu un test PCR positif.
Aux écuries, c'est branle-bas de combat : la gourme, c'est hyper contagieux... Beauty et sa copine Holly (une tachue, encore) sont isolés, on double la clôture pour éviter le contact avec les copains, et bien sûr, interdit de sortir du pré jusqu'à nouvel ordre. Beauty a un traitement antibio : une piqûre de chaque côté de l'encolure pendant 15 jours. Je m'en dépatouille avec un seau de grain comme allié. On lui surveille également sa température.
Heureusement, elle se remet assez rapidement sur pieds, et reprend ses kilos perdus à vitesse éclair (née pour être une barrique...) Je continue à aller la voir pour faire des grat grat et distribuer des bonbons et du grains. Pendant les trois semaines d'isolement, je n'ai de toute manière rien de plus à faire
Voilà où nous en sommes ! On reprend désormais le travail tranquillement... Je m'inquiète toujours pas mal pour son souffle, j'attends qu'elle soit bien remise en condition. Samedi dernier, nous étions en trotting, 10km en bord de Cher. C'était chouette !
ça, c'était la chronologie ! Mais le détail des événements, est-ce qui nous intéresse vraiment ?
Elle est toujours extraordinairement bien dans sa tête et sous sa selle, et moi je songe régulièrement à la chance que j'ai d'être tombé sur
ce cheval, parmi tout ceux qui galopent sur cette planète. Parfois, je me dit qu'elle a été faite pour moi, et que moi, je suis la bipède qu'il lui faut. J'en viens alors à l'idée que si ça fitte autant, c'est peut-être parce que notre aventure, on l'a écrite à deux. Au fond, c'est peut-être pour ça que je voulais un jeune cheval...
Beauty a six ans maintenant et j'aimerais penser que la vie est devant nous. Or, on aura pour toujours cette épée de Damoclès : ses problèmes respiratoires. Aujourd'hui, j'en profite à 200%, mais personne, absolument personne, ne peut dire si elle sera montable au printemps prochain, à celui d'après. J'ai en tête qu'elle ne fera pas une longue carrière "sportive". La rando lui sied beaucoup mieux, à son mental, et ses capacités pulmonaires. Et moi... j'ai toujours la bougeotte. Je bouillonne, j'ai le cerveau en perpétuelle ébullition et ça ne date pas d'hier. Jamais je n'ai été aussi peu sûre de ce que me réserve demain, et je trouve ça absolument fantasmagorique. J'ai les yeux souvent ailleurs et au final, je regarde l'avenir sans autre certitude que celle que quelques soit mes plans, elle en fera partie.
Pour l'année à venir, j'ai bien quelques idées : passer mon G5 (quand je vois le niveau maintenant...), reprendre des cours particuliers, peut-être avec le nouveau prof, à voir. J'aimerais bien aussi, dans un vision optimiste, envisager quelques sorties en concours pour la fin d'année. Des petites clubs 3 gentilles. Mon plus doux rêve serait d'aller sur un petit CCE à la Galopade. Le temps d'un instant, effleurer ces instants baignés d'étoiles qui ont illuminé mes hivers, se rappeler ce temps qui s'est révélé si court où nos progrès avaient un goût d'éternité. Ces nuits ou j'avais le coeur en flotte, de la sciure dans le cerveau, mais 450 kilos d'espoir sous la selle...
L'hiver dernier, j'ai beaucoup noyé mon spleen dans l'écriture. Je suis une grande bavarde, vous êtes bien placés pour le savoir. Certains ont peut-être vu passer mon post dans la section salon de thé, à destination des jeunes écrivains de CA. Depuis l'année passée, j'ai bouclé 4 romans, et je suis en phase d'achever le cinquième. A ce titre, je voudrais remercier tout ceux parmi vous qui m'avaient encouragé à prendre la plume. Vous aussi, vous m'avez rendu la vie un peu plus belle... Mes romans ont chacun trouvé leur place chez une petite maison d'édition. Le premier paraît dans une quinzaine de jour.
Ce week-end, mon éditrice m'a demandé de rédiger les "remerciements" à la fin de l'ouvrage. Sacré travail... Je n'ai à vrai dire pas spécialement d'amis ou de proches à qui dédier ce livre. Je les remercie de leur présence au quotidien, de rire avec moi, de me suivre dans mes conneries, mais on peut pas dire qu'ils aient participés à ce projet en soi. En revanche, il y a quelqu'un qui a vu défiler chacun de ces romans, chapitre par chapitre...
Finalement, bien calé entre mon ode à la poésie de Lou Reed et mes hourras à ma bande de collègue de chez l'Abeille, on pourra lire ceci :
Je remercie ma douce Beauty, petite jument blanche qui partage ma vie depuis trois ans maintenant, ma plus belle aventure...