Bonjour Ca,
J'avais dit poster une dernière fois pour fermer ce topic mais, finalement, je me sens d'envie à continuer un peu afin de
partager un peu mon processus de deuil. Partager un peu de l'après avec vous, avec un peu d'appréhension. Faire part de ses sentiments et émotions n'est pas dans mes habitudes aha.
Ne vous inquiétez pas,
rien de larmoyant ! En revanche, cela risque d'être long car j'aime parler et qu'il y a pas mal de points que je souhaite aborder !
Cela fait
deux semaines que Jaïko est parti. Pourtant, je n'arrive pas à situer son décès dans le temps. Sa perte me paraît encore toute récente mais j'ai l'impression d'avoir reçu le message m'annonçant son décès hier matin. Le mois de janvier me semble long, interminable.
Le temps est comme suspendu.
Cependant,
je ne me sens plus triste. A cela s'ajoute un certain sentiment de
soulagement. Être face à son animal souffrant sans pouvoir lui offrir la moindre solution, démunie et impuissante, m'était devenu si pénible que le savoir parti, sans plus souffrir, me soulage en un sens.
J'ai eu et ai encore
honte devant ce constant.
« Mais comment je ne peux plus être triste d'avoir perdu mon premier cheval en dix jours ?! ». Je me suis demandée si j'étais une bonne propriétaire, si j'étais normale, si j'aimais « bien », si je n'étais pas d'une grande lâcheté...
Pourtant, je
pleure encore en pensant à lui et à nos moments passés ensemble ou en regardant des photos. Ne sachant trop qualifier mes émotions d'ordinaire, un mot m'est pourtant apparu comme une évidence : la
nostalgie.
« La nostalgie [...] est un phénomène plus passager, volatile, et souvent associé à des souvenirs heureux. En dépit de l’émotion ressentie, elle nous procure du réconfort, un apaisement et un bien-être. Il ne faut donc pas perdre de vue que la nostalgie est un phénomène positif, parce qu’heureux sommes-nous d’avoir un vécu associé à l’affection et les beaux souvenirs. »
DRE CHRISTINE GROU pour Le Journal de Montréal.
Je me suis tant retrouvée dans ces propos.
J'ai par le passé perdus des compagnons à poils et un ami. Chacun de
mes deuils étaient similaires, qu'ils soient liés à une perte humaine ou animale : une immense tristesse très vite remplacée par de la nostalgie, en quelques jours ou quelques semaines. Il est donc probable que cela soit ma manière naturelle de gérer les choses.
Pour m'aider un peu plus, je me suis mise à suivre d'un peu plus près
Julie d'Un carnet de cavalière, qui venait de perdre deux de ses chevaux.
Étonnamment, ou non, suivre quelqu'un vivant la même chose que moi (en double...)
m'a fait du bien. Je n'étais plus seule et, ces sentiments qui me mettent mal à l'aise avec moi-même, Julie en parle si bien. Elle aborde dans une vidéo son année 2023 et parle brièvement du
soulagement que l'on peut ressentir quand la bataille contre la maladie s'arrête, malgré une fin terrible. Encore une fois,
je ne me sentais plus seule. Voir que je ne suis pas la seule à ressentir cela
me rassure.
Également, la voir se projeter avec son nouveau poulain peu de temps après la perte de ses deux compagnons m'a aussi fait du bien :
on peut ne pas oublier mais avancer et aimer à nouveau.
A l'inverse, certains de ses propos m'ont
mise très mal (et pourtant, je ne suis pas du genre influençable d'habitude). Je pense notamment à ce qu'elle disait sur
Horsia et l'
équarrissage. Que l'équarrissage la révolte, qu'il lui était inconcevable de faire partir ses chevaux autrement qu'avec Horsia.
Une nouvelle vague de
honte m'a envahie à ce moment : mon cher Jaïko que j'aime tant allait partir à l'équarrisseur car je n'avais clairement pas les moyens de me payer les services d'Horsia (soit entre 2400€ et 3000€ si crémation collective ou individuelle, transport compris). Je me sentais encore
mauvaise propriétaire, pas assez prévoyante, pas assez aimante pour offrir la meilleure fin à mon cheval... etc.
En y repensant, cela me paraît d'ailleurs étrange comme réaction car je ne fais pas partie de ces gens qui « sacralisent » le corps. Un corps, pour moi, est un corps. Je rattache mes souvenirs à cette « vie » qu'il y avait dans ce corps -certains appelleraient sûrement ça l'âme- mais pas au corps lui-même. Je pense que je devais être au point le plus bas de mon deuil pour en arriver à culpabiliser de la sorte alors que cela n'allait pas dans le sens de mes « convictions ».
Ce sont finalement des propriétaires en pension là où se trouvait Jaïko qui m'ont
ouvert les yeux : eux aussi ont fait appel à l'équarrisseur pour leurs chevaux qu'ils aimaient tant. A nouveau, je me sentais moins seule et comprenais qu'on pouvait être aimant sans dépenser des milliers d'euros dans une crémation.
Enfin, ce sont les mots de mon
compagnon qui m'ont le plus aidée.
Après toute cette
aventure émotionnelle et ces
milliers d'euros dépensés dans des frais vétérinaires (car soyons honnête, ça compte aussi), j'avais peur que tout cela l'ait
dégoûté d'avoir un autre cheval un jour.
Mais non.
C'est lui qui a abordé ce sujet le premier.
« On économisera pour t'acheter un autre cheval quand tu seras prête. ». Je me doutais qu'il me dirait cela ou accepterait sans soucis que j'en reprenne un un jour mais je ne pensais pas qu'il m'en parlerait de lui-même.
Je pense qu'il savait que j'avais
besoin d'être rassurée à ce sujet.
Je me suis donc mise à la recherche d'un
poulain pour 2025. Oui, déjà ! Je souhaite me laisser le temps de bien choisir l'élevage et, pourquoi pas, le croisement. Je pense en faire un topic à part, une sorte de journal de bord. J'ai déjà quelques pistes.
Même si je lance très vite mes recherches, le fait de savoir que le poulain serait de 2025 me rassure : j'ai le temps d'aller mieux, de me remettre encore davantage de mes émotions afin d'accueillir un petit au mieux.
Avoir une
perspective sur l'avenir, en plus de tous ces
bons souvenirs avec Jaïko me rendent particulièrement et étrangement
heureuse.
Je sais cependant que
mon deuil n'est pas fini. Nous ne sommes toujours pas retournés aux écuries pour récupérer ses affaires. Je pense que nous repoussons inconsciemment ce moment car la dernière fois que nous y étions, c'était pour le passage de l'équarrisseur. J'avoue un peu redouter ce moment : récupérer ses couvertures dans lesquelles ils étaient lors de son décès, retrouver son side-pull que je ne lui aurais mis qu'une fois, partir avec tous ses licols et voir mon casier vide
car Jaïko n'est plus là...
En attendant, je regarde nos photos avec cette
nostalgie dont je vous parlais plus tôt. Ce qui m'aide, c'est que je n'ai que
peu de regrets : nous avons profité au maximum, fait de notre mieux. Jaïko a eu une super vie de petit entier, dehors, avec des copains, à manger à sa faim. C'est le plus important.
Enfin bon, je ne sais comment terminer ce post un peu particulier mais que j'avais besoin de faire.
Alors je vais simplement vous souhaiter
une bonne journée et vous remercier d'avoir lu !