pour ce qui est des Poitou c'est une race à part, très ancienne et réputée pour sa production de mulets.
il n'y a pas si longtemps ces races mulassières tant le trait que l'âne) étaient connues pour leur mollesse, leur inaptitude au travail, leur incapacité à être utilisés.
mauvaise réputation évidemment puisqu'on ne les utilisait que comme reproducteurs.
Dans ces périodes de dur labeur on préférait se tourner vers les vigoureux percherons ou les puissants boulonnais plutôt que vers des chevaux de pays marécageux qui n'avaient aucune réputation de force ni de courage comme publicité. Pareil pour les ânes poitevins.
Traité des Mulets :
(L'auteur, allemand, précise que les ânes reproducteurs sont appelés « baudets » mais que cette race spéciale est nommée « animaux » donc il se demande si ce n'est pas une espèce à part. )
"Il se trouve dans le haut Poitou, des animaux qui sont presqu'aussi grands que des mulets, mais d'une figure différente. Ils ont presque tous le poil long d'un demi-pied sur le corps. Les boulets et les jarrets presqu'aussi larges que ceux des chevaux de carrosse.
On les tiens à l'écurie séparément, dans des espèces de loges, attachés avec des chaînes de fer, d'où on ne les fait sortir que pour saillir la jument.
Ils sont pour la plupart très vicieux et cruels, il n'y a que l'homme qui a coutume de les panser, qui ose les approcher. Quand ils ont sailli, ils sont beaucoup plus dangereux.
On ne les ferre jamais, et ils portent la corne longue d'un demi-pied, ce qui est très difforme. "
Mémoires du Conseil du dedans du Royaume, 1724 :
" En Poitou ils se vendent jusqu'à 500 écus pièce, et les plus épais, et larges de jarrets, et noirs, s'estiment à 1200 livres.
Il y a grande difficulté à les élever, car il n'y a pas un quart des jeunes qui arrivent à l'age de 3 ans, mais ceci passé ils vivent 25 à 30 ans.
En vieillissant, ils deviennent perclus des jambes, ne peuvent plus sortir de l'écurie.
Ils servent par jour 8 à 10 juments, soit une centaine de juments par saison de monte, depuis l'âge de 4 ans jusqu'à 22 ans.
Pour les bien conserver, on leur donne jusque 3 boisseaux d'avoine par jour (mesure de Paris), pendant la saison de monte.
Tous ne sont pas également vigoureux et certains ne veulent pas de jument, qu'ils n'aient senti une bourrique.
Lorsqu'on a un bon étalon, il est à propos de lui faire saillir quelques ânesses, le temps de chaleur des ânesses étant postérieur à celui des juments : mai, juin, juillet. "
Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle
" On peut mettre des lunettes (caches sur les yeux) à la jument pour qu'elle se laisse saillir par l'âne.
Si la taille de la jument gêne la saillie, on peut la mettre dans un terrain creusé.
Si l'âne manque d'ardeur : lui donner du vin et des coups de bâton.
Les ânes sont plus ardents que les chevaux, et durent plus longtemps, saillissent de 4 à 5 ans jusque 30.
On peut ménager les ânes en les faisant sauter un jour sur 2. (= saillir)"
bon avec de telles conditions de vie pas étonnant que les races poitevines n'aient pas pu faire leurs preuves aux côtés de l'Homme !
