Bonjour,
J'ai acheté ma jument à 25 ans et demi

. J'hésitais beaucoup mais avec le recul je me rends compte que je réunissais pas mal de "critères" de facilité :
- j'avais une DP (proprio, pas club) depuis plus d'un an, donc j'avais déjà une première vision des galères de proprio (maladies, blessures, gros bobos, véto à 23h, démusclage +++ donc 4 mois pour remuscler peu à peu, gestion au quotidien, etc...)
- un travail stable,
- je voulais mettre mon futur cheval dans l'écurie où j'avais déjà ma DP, donc je connaissais bien les lieux.
Avec le recul, je dirais que j'ai bien fait, je ne regrette absolument rien, par contre il est vrai que c'est un sacré "fil à la patte"

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Deux choses m'ont fait arrêter : l'entrée dans le monde du travail qui ne me permettait plus de prendre de cours à mon niveau, et un petit ras le bol dela monte à académique (je n'ai jamais eu de grandes ambitions).
Cet arrêt de l'équitation ne m'a pas dégoûté des chevaux, j'apprécie toujours leur compagnie. Et depuis peu je me rend compte que le contact avec le cheval au travail me manque un peu. Mais pas le travail en carrière, juste de temps en temps u e belle ballade monté, peut-être un peu de travail plus profond mais hors de question de recommencer à me contraindre à faire des figures et des parcours.
Il faudra voir dans quoi tu peux t'épanouir mais il n'y a plus rien à voir entre faire du "plat" au niveau galop 4 dans la majorité des clubs, et travailler un cheval. On commence à avoir des sensations sympa sur le plat à partir du galop 5 je dirais, environ. Le travail sur le plat est en fait quasi-indispensable à la bonne musculature du cheval (musculature qui lui permet de te porter sans douleur

), mais je pense qu'il y a de bonnes chances que reprendre ça avec un seul cheval, dans des tous petits groupes (voir en cours particulier) et te sentir évoluer au fil des semaines t'y redonnera goût.
Il y a à côté de ça de nombreuses disciplines plus "ludiques" que ce que tu as pu voir en club : le TREC, le mountain trail et d'autres qui mettent en valeur ton évolution quotidienne sans que tu n'ai à aller sauter haut ni à mettre un pantalon blanc.
Déjà sur la possibilité de faire ce choix de "cheval de compagnie et plus". Peut on vraiment avoir un cheval montable, sans le monter régulièrement ? Pour sa santé ?

Si tu veux faire 20 minutes de pas sans rien d'autre, pas trop de souci. Si tu ne veux pas le monter du tout, pas de souci non plus (sauf si... c'est un "tendance obèse" qui a besoin de beaucoup d'exercice).
Par contre si tu veux "t'amuser" en extérieur, pouvoir galoper, faire des sorties de deux heures, etc, ben si, il faut avoir un cheval qui travaille régulièrement, pour qu'il soit suffisamment musclé. Sinon c'est comme prendre quelqu'un de très sédentaire, lui faire faire une grosse séance de sport, le laisser avec ses grosses courbatures le lendemain et le reprendre un mois plus tard pour une nouvelle grosse séance. A terme il va se blesser et se dégouter complètement de l'effort puisqu'il n'y aura aucune progression et que de la douleur (parce que pas de souffle pour encaisser, grosses courbatures, etc...).
Il vaut mieux un travail régulier pour progresser en douceur

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Vous allez me dire " et ben tu as l'option pension". Justement. Pensez vous qu'un cheval soit plus heureux en pension pré avec des copains qui changes et plus de place, qu'à la maison ?
Un cheval est heureux si ses besoins sont respectés (donc copains, nourriture, eau, liberté de mouvement, bonne santé).
Qu'il soit dans une pension, chez un agriculteur ou chez toi, en soi, il s'en fiche lui, ça ne change rien.
Je ne sais pas pourquoi tu parles de copains qui changent, ma jument a la même copine de pré depuis deux ans, ils aiment la stabilité.
La différence c'est que si chez toi, tu vas passer 80% de ton temps "cheval" à te consacrer à la pâture (clôtures, crottins, nettoyage, foin, eau...) et qu'il t'en restera finalement peu pour le reste (monter dessus par exemple). En pension tu paies pour ça soit fait et donc tu consacres la majorité de ton temps à t'occuper du cheval en lui-même, parce que tu n'as pas besoin d'aller remplir la tonne à eau ou de remonter les piquets.
De même si tu dois t'absenter, que tu tombes malade ou que tu pars en vacances quelques jours, en pension tu as l'assurance que ça sera sous surveillance.
Autre chose pour une neo-propriétaire :
je suis personnellement inquiète quand je vois que des personnes qui ont "un peu" d'expérience se retrouvent en autonomie avec des chevaux chez eux. Sauront-ils reconnaître les maux qui arriveront à leurs chevaux, choisir le bon maréchal/podologue (et donc reconnaître celui qui "ne va pas), réagir à temps en cas de bobo ou maladie, connaissent-ils les gestes de secourisme équin, savent-ils réagir rapidement à un empoisonnement, un bouchon, etc ... ?
Alors peut-être que tu as toutes ces connaissances mais si tu "sors" du club et que tu n'as pas géré un cheval au quotidien depuis, sincèrement ça me fait peur. Dis-toi qu'après un an et demi de DP qui était régulièrement blessé ou malade (donc j'en ai fait des pansements, des piqures, j'ai donné des médocs, etc...), j'avais l'impression de ne pas être suffisamment compétente sur cette partie santé.
(finalement, j'en avais plus appris que je ne le pensais !)
Si avoir tes chevaux chez toi est ton rêve, je te recommanderai quand même de commencer par acheter un cheval, de le mettre dans une bonne pension et de reporter ce projet de "chez toi" à un ou deux ans plus tard, quand tu auras pris de l'expérience. A ce moment là tu envisageras le terrain et le second cheval (en croisant les doigts pour qu'il s'entende bien avec le premier !).
Et enfin ce qui m'effraie le plus c'est le côté financier.
Je sais combien coûte un cheval "bien portant " à l'année à peu près. J'avais calculé. Mais ce qui me fait peur c'est le "cheval galère ". Qui vous déclare une maladie chronique à 10 ans, ou qui est tellement casse cou qu'il s'ouvre une plaie tout les quatre matins.
J'ai toujours aimé les chevaux rustiques, je rêve secrètement d'un welsh cob ou d'un cob normand
Mais on ne sait jamais...
Est-ce vraiment si courant qu'un cheval devienne un gouffre financier ? Car personnellement j'en connais peu, mais sur le forum j'en vois beaucoup.
Les chevaux rustiques ont souvent un problème, c'est la fourbure. Ils sont facilement obèses, donc il faut sortir les grands moyens pour les "maintenir" le plus possible loin des problèmes de santé (en plus de la fourbure, ils souffrent des mêmes problèmes que les obèses humains : circulation sanguine, coeur, articulation, diabète, etc). Surtout en Normandie où l'herbe est bien grasse et pas du tout faite pour eux (on a le même souci dans les Yvelines

).
Tout ça, forcément, ça coûte en matériel (panier de régime à remplacer régulièrement), en nourriture (parce qu'on apporte des compléments particuliers adaptés pour éviter l'insulino-dépendance, et forcément c'est pas les moins chers : comme chez les humains, le moins cher c'est la malbouffe), ça demande de choisir avec beaucoup d'attention le professionnel qui fait les pieds, et ça demande d'avoir un cheval qui travaille régulièrement (donc exit la promenade au pas une fois par quinzaine, pour perdre des calories il faut travailler vraiment régulièrement

).
Courant ou pas courant, des chevaux qui vont bien j'en connais plein, des chevaux qui vont "bien" parce que le propriétaire ne le voit pas j'en connais aussi (ceux-là atteignent le point de rupture à un moment et là c'est l'escalade des frais), des chevaux "pas bien gérés" mais qui vont bien malgré tout il y en a plein, des chevaux dont les proprios sont hyper attentifs et se mettent en quatre mais qui font des merdes quand même il y en a aussi (et c'est super frustrant pour les proprios, surtout quand ils voient le voisin qui fait n'importe quoi mais qui a "de la chance"), et surtout, même si tout va bien, on n'est jamais à l'abri d'un accident ou d'une maladie soudaine

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Bref, on n'est jamais sûr de rien malheureusement. Ensuite si tu as une vie stable, garde ton budget "courant" et ajoute une petite somme à verser ou dans une cagnotte santé, ou dans une mutuelle qui prendra en charge certains soins vétos.
