Oh ben moi aussi je pleure en te lisant
Déjà, je te souhaite plein de courage, et je t'envoie des câlinous virtuels
Le deuil, c'est vraiment quelque chose de personnel, on ne peut pas t'indiquer une marche à suivre. Chacun a besoin de temps, la durée varie d'un individu à l'autre, c'est une plaie très longue à cicatriser.
Je sais qu'il existe des bouquins sur le deuil, les étapes, comment ça se passe, etc. Ma mère les a lus quand on a perdu mes grands parents, il y a trois ans, de façon assez foudroyante aussi.
Mais voici quand même ma petit contribution à tout ça.
Ton fiancé, tu ne l'oublieras jamais, et c'est normal, et c'est tant mieux. Il a fait partie de ta vie, il a fait ton bonheur pendant des années, et c'est quelque chose de très précieux que tu dois garder pour toujours. C'est TON petit trésor à toi.
Je pense que c'est normal de "culpabiliser", de penser qu'on trompe son défunt compagnon. Le temps est très bon médecin, mais il n'est pas rapide. C'est peut-être trop frais encore en toi, et ce n'est pas de ta faute, ce n'est celle de personne. Et personne ne peut t'en vouloir d'avoir ces sentiments.
Oui c'est sûr, il faut avancer, il faut se relever, tout ça. Mais ce sont des mots, qui sont simples à dire.
Moi je pense qu'on ne peut pas avancer tant qu'on a pas remis tout à sa place.
Je vais peut-être passer pour une zinzin, mais quand j'ai perdu mes grands-parents, ça a été terrible, j'ai eu énormément de peine, et avec ma mère on a eu beaucoup de mal à se relever justement.
Ce qui m'a permis de tout remettre en ordre dans ma tête, pour qu'ensuite je puisse avancer, c'est de faire mes adieux à mes grands-parents. De vrais adieux, j'ai eu besoin de leur "parler", de leur "dire" tout ce que je ressentais pour eux, ce qu'ils avaient fait, ce qu'on avait vécu. J'ai tout balancé le soir (ça a pris un peu de temps quand même, quelques semaines), quand j'étais seule dans mon lit, je parlais à mon plafond. J'explosais d'amour, de colère, de tristesse, de souhait.
Je leur ai dit combien je les aimais, malgré combien j'étais déçue de leur comportement.
Et que je voulais qu'ils veillent sur moi, sur ma mère aussi. Je leur ai dit qu'après ça, je ne garderai que les bons souvenirs, et que si jamais un jour je les revoyais, on ne pourrait discuter que de ça.
Et puis je leur ai dit au revoir. Que je les mettais délicatement dans mon petit coffre, celui avec une belle clé, avec tous mes autres bons souvenirs. Qu'ils seraient à l'abri de tout. En sécurité. Que moi aussi, je veille sur eux, et sur leur souvenir.
Après tout ça, de très éprouvant et de fragilisant, j'ai senti que ça allait mieux. Que j'avais comme "discuté" avec eux, et je me suis persuadée qu'ils ne seraient jamais loin de moi. Dans mon petit coffre.
Je me suis sentie me détacher de la douleur, et depuis je vois ce drame autrement. Je les aime toujours tendrement, mais j'ai beaucoup moins de peine, j'ai plus du réconfort à les savoir dans mon coffre avec moi. Je sais qu'ils ne partiront jamais de là.
Toi c'est vrai que c'est différent, parce que c'était ton fiancé, et que l'amour est différent, et que surtout, derrière, il y a la question de refaire sa vie.
Tu ne perdras pas Christophe. Parce que tu dois prendre le temps qu'il te faut pour remettre en ordre tout ce qui a été chamboulé, et que si c'est quelqu'un de bien qui comprend et tient à toi, il attendra. S'il n'attend pas, c'est que ce n'était pas la bonne personne, et il y en aura une autre.
Si sa présence te fait du bien ne t'en prive pas. Si les baisers te font du mal, n'en fais pas. Tu n'es obligée de rien, laisse-toi faire selon ton ressenti. Il n'y a aucun mal à ce que tu fais. Tu essaies, et parfois les essais sont venus trop tôt, mais ça ne fait rien, on revient doucement en arrière, et on fait plus progressif. Il n'y a rien de mal, rien de mal à reculer quand on sent que ça va trop vite. Pas de mal à essayer d'aller vite, parce qu'on a l'impression qu'on peut.
Aie de la compassion et de l'amour pour toi même aussi, c'est important. Console-toi de temps en temps seule. C'est important dans ces moments-là aussi de se dire qu'on a de l'affection pour soi-même, et de la compassion. De se dire qu'on se comprend, qu'on sait pourquoi on a mal. Se dire que si il nous faut du temps, on en prendra.
Ne laisse personne te mettre la pression pour ça. Fabrique ton petit coffre à ton rythme, clarifie tes sentiments à ton rythme.
Bouh, désolée quel pavé...
Ton histoire m'a beaucoup émue, alors je voulais vraiment te dire toutes ces choses, et te dire surtout que tu n'es coupable de rien. C'est ta vie, ton cœur, tes souvenirs, à toi.
Laisse toi du temps, c'est le meilleur des médecins