Je fais partie de la team maman et heureuse de l'être, un peu sous-représentée ici
Plus jeune, je n'ai aucun souvenir d'avoir voulu des enfants. Je ne me projettais pas du tout dans une vie familale, c'était quelque chose à quoi je ne pensais absolument pas.
Quand j'ai connu ma première relation sérieuse et adulte, et que j'ai commencé à me poser la question, je me suis dit que je n'en voulais pas. ça avait même fait l'objet de discussions très sérieuses avec mon chéri de l'époque, je tenais à être honnête et claire avec lui.
Je ne sais pas pourquoi je ne voulais pas d'enfants, simplement ça ne m'attirait pas du tout, je ne me voyais pas mère et je ne me projetais pas du tout dans la fondation d'une famille.
Et puis quelques années plus tard j'ai ressenti un fort désir de maternité. Je ne peux pas plus expliquer ce désir que le non-désir qui l'avait précédé. C'était viscéral, je ressentais profondément le désir de porter et mettre au monde un enfant. Par contre je n'étais pas du tout dans un désir de famille type un mari, 2 enfants, un pavillon, un monospace et un golden retriever. Je voulais bien d'un père pour mon ou mes enfants, j'étais prête à lui laisser la place s'il le désirait, mais ce n'était pas indispensable non plus (à part d'un point de vue biologique), j'aurais très bien pu faire un bébé toute seule.
J'ai adoré être enceinte, j'ai rarement été aussi en forme physiquement.
Quasiment jamais de nausée, une belle peau, de beaux cheveux, de l'énergie à revendre.
Par contre je détestais être traîtée comme une "urne sacrée" par ma belle-famille. Et j'aurais détesté que qui que ce soit me touche le ventre, mais personne n'a jamais essayé, faut croire que ça devait se sentir que je risquais fortement de mordre si quelqu'un tentait le coup
Je n'ai pas trop kiffé mon premier accouchement, honnêtement (je me souviens avoir juré pendant les contractions que le suivant serait adopté... cochon qui s'en dédit
), et j'ai fait une dépression post-partum, en grande partie parce que j'ai été mal conseillée sur le plan médical.
J'ai détesté les gens qui me disaient :"fais toi confiance, fais confiance à ton instinct de maman, fais comme tu sens, personne mieux que toi ne sait ce qui est bon pour ton bébé" parce que NON, justement, je ne savais pas, j'étais paumée, et je m'en voulais encore plus de ne pas savoir, de ne pas sentir, de ne rien comprendre aux pleurs de mon bébé, à ses besoins. Aux 3 mois de mon fils, j'ai rencontré une médecin intelligente et bienveillante et ça nous a changé la vie à tous les deux, à partir de ce moment là j'ai vraiment pris du plaisir à être maman.
4 ans plus tard, quand le désir d'un deuxième a commencé à me titiller, ma fille s'est pointée sans qu'on l'ait vraiment programmée, mais je crois que c'était simplement le bon moment et qu'elle le savait. Encore une super grossesse, et un accouchement beaucoup plus serein que le premier. J'ai tout adoré cette fois là, j'étais plus préparée et j'avais vraiment envie de vivre pleinement chaque instant dont je savais qu'il passerait si vite.
Ce que j'ai aimé avant tout dans la maternité, c'est que mes enfants m'ont obligée à me décentrer : avec leur arrivée, pour la première fois de ma vie, je n'ai plus été le centre de mon monde, j'avais quelque chose de plus important à faire que de me soucier de mon nombril, et dieu que c'est libérateur! Je ne les remercierais jamais assez de m'avoir ouvert à cette nouvelle vision du monde et de la vie, de m'avoir offert cette liberté.
Sur le plan pratique, j'ai arrêté certains loisirs ou activités par période, mais ce n'était pas une nécessité (j'aurais très bien pu m'organiser pour continuer), juste un désir de profiter à fond de ces premiers mois de vie qui passent si vite et qui sont si passionnants.
Voir un petit humain grandir, c'est vraiment une aventure, on ne s'ennuie jamais, et à certains moments de ma vie ça me suffisait, tout simplement.
ça ne m'a pas dérangée de ne plus dormir, ou de devoir composer avec certaines contraintes. En contrepartie j'ai toujours fait plein de choses avec mes enfants et je les emmenés partout, je ne me suis jamais sentie coincée.
Quand j'ai connu mon compagnon actuel, mes enfants avaient 3 et 7 ans, et les siens 1 ans, 7 ans et 9 ans, et vivaient en résidence alternée. Nous avons donc recomposé une famille nombreuse, ce dans quoi je ne m'étais clairement jamais projetée.
Là encore, j'ai adoré être bousculée dans mes habitudes.
Mais je crois que le secret, c'est que je déteste la routine, le prévisible, la tranquillité, les projections cadrées. J'ai besoin de surprise, d'imprevu, de mouvement, d'adaptation : avec 5 gamins à la maison, j'ai été servie!
Et quand ils sont devenus adolescents, j'ai même pris double dose, mais aucun regret : ils me bousculent et m'obligent à sortir de ma zone de confort, à me remettre en question, et rien ne me passionne autant que ça.
Même si ça n'a rien d'idyllique et que ça peut être extrêmement dur, inquiétant, douloureux et même violent parfois. Mais je n'ai jamais attendu de la vie qu'elle soit un long fleuve tranquille, donc les remous et les tourbillons, je les accepte comme faisant partie du chemin, ça me va aussi.
Et ils m'incitent également à être le meilleur de moi-même : quand je suis prête à céder à la facilité, aux petites lâchetés du quotidien, je me dis que mes enfants méritent mieux que ça comme exemple et ça me donne envie d'être la meilleure personne que je peux.
Bien sûr le monde est devenu de plus en plus violent et de plus en plus dur, et il peut m'arriver d'être très angoissée pour eux. Mais pour simplifier ma pensée, je cite toujours une vieille chanson des années 80 qui disait "fais des bébés, fais des bébés, ça fera peut-être de la chair pour leurs putains de bombes, mais aussi des cerveaux pour éviter qu'elles tombent"
Je sais l'humain capable du pire, mais je le crois aussi capable du meilleur, et je ne peux pas vivre sans cet espoir. Et cet espoir s'incarne dans mes enfants, dans leur capacité à inventer un monde que je ne suis pas capable d'imaginer.