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Loup, ours, retour des prédateurs et chevaux
Posté le 21/02/2025 à 12h31
altaii
Posté le 21/02/2025 à 12h31
lau_redsinner la problématique des cercles c'est que leur mise en place declenche le plan loup dans les départements où ils sont activés. Et le plan loup, ça coûte cher. Ça demande de former des agents, d'indemniser des agris, etc. Donc on préfère fermer les yeux et quand on les ouvre, c'est pour aller buter du sauvage alors que ça n'a pas forcément de sens.
P.ex. c'est pas parce qu'il y a de la prédation loup à proximité que les loups que vous voyez sont en cause. Ça peut être un ou plusieurs autres. Tirer dans le tas déstabilise les meutes et peut créer des effets rebonds de prédation. Sauf qu'à moins d'analyser les contenus stomacaux ou de prendre un loup en flag et le reconnaître, sur un tir de prélèvement (cad le loup n'est pas pris sur le fait) il n'y a pas moyen de savoir si c'est le bon individu.
Le déclenchement du plan coûte environ 2 millions d'euros par dpt. Et il est très lent à être mis en place. Dans les fronts de colonisation, il faut compter bien 3 ans entre les premières prédations inhabituelles et la mise en place d'un cercle (avec déclenchement du plan). Ces 3 ans c'est du temps précieux perdu : pour former les éleveurs, former des chiens si nécessaire, s'organiser pour faire garder des troupeaux, pour leur permettre de s'équiper et se protéger. Et quand vraiment des individus seront installés, c'est aussi donner le bâton pour se faire battre car en situation de crise le cerveau ne fonctionne plus et c'est l'émotionnel qui prend le pas ( et on est tous bêtes quand notre cerveau ferme boutique).
Sauf qu actuellement ces 3 ans sont utilisés pour souffler sur les braises de la colère et récolter des votes aux élections. Du coup, quand les cercles sont mis en place, cest un carnage social avec une instrumentation du debat et une fausse polarisation. 3 ans qui profitent clairement à personne, ni au loup, ni aux agris, ni aux associations et scientifiques qui bossent sur le sujet pour accompagner. Parce qu avec la colère et la peur les gens se montent la tête et quand la prédation s'installe c'est beaucoup plus difficile de faire reculer la prédation. L'histoire récente en France montre que certains partis politiques, encore plus ceux qui apprécient les fake news, surfent complètement sur la prédation pour se faire elire. Idem pour les syndicats agricoles (coucou la CR et FNSEA). En réalité, il y a bcp d éleveurs et de personnes modérées, réfléchies, mais qui sont vite étouffées voir harcelées, voir agressées pour des propos modérés (p.ex. harcelement, insultes lors de réunions, menaces, bottes brulees, tracteurs vandalisés, betes tuées, etc.).
Pour revenir aux cercles, le cercle 3 indemnise assez peu au regard du temps qu'il faut pour faire face à un territoire avec prédateurs. Et c'est aussi tout l'élevage qu'il faut repenser en arrêtant de mettre à l'abattoir les bêtes les plus retives ou agressives. Elles sont parfois le salut du troupeau. Idem, faire faire 2 ou 3 petits à des brebis c'est aussi sapper leurs capacités de surveillance.
Typiquement dans le massif central, il y a de base un isolement social pour les agris, les clôtures sont très basses, les troupeaux pas proteges, les brebis font souvent 2 petits (prolificité oblige), peu d'habitations et un couvert forestier parfois très dense. Bref, des conditions très favorables à la prédation pour la faune domestique. Mais aussi la faune sauvage ! Il y a des populations importantes de chevreuils et sangliers, mais à nouveau, entre passer de l'énergie à chasser des chevreuils ou s'arrêter 2 sec devant un frigo ouvert le choix des prédateurs est rapide.
Et l'isolement fait que les infos sont grapillées grâce aux chambres clairement à droite (cest pas un avis politique, Fnsea et CR cest droite et extreme droite) et désinformation ++ et aux réseaux sociaux (..). Il y a sur les pages fb d'agriculteurs notamment des gens qui sont payés pour appeler et desinformer ceux qui rencontrent des problèmes (pas forcément liés à la prédation mais la manipulation fait que souvent les regards sont redirigés vers ça).
Tout ça pour dire, ça fait peur. Mais pour les chevaux, c'est aussi la merde. Pour les poulains, les boiteux, les émotifs, etc. Une première ligne de protection c'est déjà d'avoir : de bonnes clôtures + des chevaux en petits groupes + au moins un cheval du pré avec une vraie aversion pour les canidés. Et surtout surtout surtout CONNAITRE SES ANIMAUX. La prédation, ça prévient. Quelqu'un qui connaît ses bêtes sait reconnaître sans forcément y mettre le doigt dessus des comportements de stress.
Il y a beaucoup d'échecs dans la prédation (toute espèces confondues), si un individu voit que ça peut lui coûter cher de s'essayer aux chevaux c'est un vrai atout de protection sans avoir besoin de sortir l'artillerie lourde.
NB : Le risque de prédation 0 n'existant pas, il n'y aura de toute façon jamais de formule magique.